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Ceux qui ne dormant pas: Journal 1944-1946 / Certains livres arrivent trop tôt. Ce fut le cas du Journal de Jacqueline Mesnil-Amar, paru en 1957 aux Editions de Minuit. Pas grand monde alors n'avait envie de se replonger dans les affres de l'Occupation. Et les esprits étaient pris par une autre guerre, en Algérie... Ce texte magnifique nous est heureusement restitué, dans une nouvelle édition, avec une préface de Pierre Assouline. Fille d'un financier propriétaire du journal Le Capital, Jacqueline Perquel (1909-1987) appartenait à une famille juive de vieille souche lorraine. Elle avait épousé un jeune et brillant normalien, André Amar, fils de banquiers originaires de Salonique. "Mesnil" est son nom de plume pour ces fragments d'un journal tenu au cours de l'été 1944, suivis de divers articles qu'elle a écrits ensuite, comme responsable du bulletin d'une association d'aide aux déportés. "CHÉRI, OÙ ES-TU DONC ?" Pendant la guerre, André Amar dirige la section parisienne d'un mouvement de résistance, l'Organisation juive de combat (OJC). Le 18 juillet 1944, avec plusieurs camarades, il tombe dans un guet-apens. Arrêté par la Gestapo, il est torturé, incarcéré à la prison de Fresnes, puis à Drancy, avant d'être jeté dans le dernier train en partance pour les camps. Sa femme s'interroge avec angoisse sur son sort. Et elle le fait par écrit, au jour le jour, dans ses carnets. Trente-sept jours exactement : le temps que réapparaisse André, qui a réussi à s'évader du convoi de la mort. "Chéri, où es-tu donc ? A quoi penses-tu dans ta cellule, si tu t'y trouves, en cette nuit profonde ? Est-ce que tu dors ?" Elle a fini par apprendre qu'il est détenu à Fresnes. Les questions se bousculent dans sa tête : "A-t-il bu ? A-t-il mangé ? Dort-il un peu pendant ces longues nuits fiévreuses de prison ? Va-t-on le... maltraiter ? Il y a des gens qui racontent ce qu'on leur fait, et comment on les reconduit dans leur cellule, dans quel état, dans quel état..." Tous les fantômes du passé la hantent. Elle revoit les jours heureux, "la vie ouatée et tiède de jadis", les soirées littéraires et musicales, les bals, les vacances passées ensemble. "Oisives et trop douces vacances, imméritées, diaprure de nos jours, scintillantes et fragiles comme des ailes de papillon..." Jacqueline en est à son dixième refuge depuis le début de la guerre. Toute sa famille se cache, munie de faux papiers. Elle circule à Paris à vélo, note dans son journal de petits faits de la vie quotidienne : le marché noir, l'épicier-gangster, le manège des prostituées, hissées sur leurs cothurnes à semelles compensées, "les Parisiennes en robes d'été claires, très larges, comme on les porte cet été (car il y a une mode !)"... Est-il encore vivant ? "Je t'en supplie, reviens !" Vers qui se tourner ? "Hélas, je ne sais pas prier, tout au plus supplier, crier, me révolter, reprocher à Dieu ce qu'il a laissé faire." Dans ses salons, ses bureaux, cette grande bourgeoisie juive se croyait à l'abri, définitivement intégrée. "Nous nous sommes laissé prendre aux mirages de notre classe, constate Jacqueline Amar. On nous a fait Juifs, lentement, du dehors, nous qui l'avions si bien oublié..." Elle a toutes les raisons du monde de haïr ceux qui ont brisé leur vie. Pourtant, pas une once de haine dans ces pages admirables. "Nous sommes tous responsables..." Paris est sur le point d'être libéré. Ce 23 août 1944, toutes les cloches sonnent. "Pourquoi les grandes joies sont-elles si tristes ? Pourquoi est-ce que je pleure ?", se demande la jeune femme. Deux jours plus tard, on l'appelle avec de grands gestes : "Viens vite ! André s'est évadé." Elle s'arrête, pétrifiée. "Tout s'arrête en moi. Je ne puis bouger, je suis comme une statue de pierre. Je ne bougerai jamais plus..." Mais non, elle bouge, elle court, avec sa fillette dans les bras. Elle court vers l'homme de sa vie, dans Paris libéré. Elle peut enfin crier son nom, reprendre son identité, retrouver la France, "embrasser ses pavés"...
Other Title
"Those who did not sleep", the longest summer The diary of Jacqueline Mesnil-Amar, "widow" thirty-seven days in 1944.
GMDBook
Classification940.43 MES
PublisherStock
SubjectHolocaust-MemoirsAuschwitzHolocaust--Personal narrativesFrench
Description

Some books arrive too early. This was the case of Jacqueline Mesnil-Amar's Journal , published in 1957 by Editions de Minuit. Not many people so did not want to plunge back into the throes of the Occupation. And the spirits were taken by another war, in Algeria ... This beautiful text is fortunately restored to us, in a new edition, with a preface by Pierre Assouline.

Daughter of a financial owner of the newspaper Capital , Jacqueline Perquel (1909-1987) belonged to a Jewish family of old Lorraine stock. She had married a young and brilliant naturalist, André Amar, son of bankers from Salonika. "Mesnil" is her name pen for these fragments of a newspaper held during the summer of 1944, followed by various articles she wrote afterwards, as head of the newsletter of an aid association for deportees.

"CHER, WHERE ARE YOU THERE?"

During the war, André Amar led the Paris section of a resistance movement, the Jewish Combat Organization (OJC). On July 18, 1944, with several comrades, he falls into an ambush. Arrested by the Gestapo, he is tortured, incarcerated in the Fresnes prison, then in Drancy, before being thrown in the last train leaving for the camps. His wife wonders anxiously about his fate. And she does it in writing, day by day, in her notebooks. Thirty-seven days exactly: the time for André to reappear, who managed to escape the convoy of death.

"Honey, where are you, what are you thinking about in your cell, if you're in that deep night, are you sleeping?" She ended up learning that he is detained in Fresnes. The questions jostle in his head: "Has he been drinking? Has he eaten? Does he sleep a little during those long, feverish nights in jail? Are we going to ... mistreat him ? people who tell what is done to them, and how they are taken back to their cells, in what state, in what state ... "

All the ghosts of the past haunt her. She sees the happy days, "the waddled and warm life of old" , the literary and musical evenings, the balls, the holidays spent together. "Oisives and too sweet holidays, unmerited, dying nowadays, glittering and fragile like butterfly wings ..."

Jacqueline is in her tenth refuge since the beginning of the war. All his family is hiding, provided with false papers. She circulates in Paris by bike, notes in her diary some little facts of everyday life: the black market, the gangster grocer, the prostitutes' merry-go-round, hoisted on their soled wedge-boots, "the Parisiennes in summer dresses clear, very wide, as they are worn this summer (because there is a fashion !) " ...

Is he still alive? "I beg you, come back!" Who to turn to ? "Alas, I do not know how to pray , at most beg , cry , revolt , blame God for what he has let do ." In its living rooms, its offices, this great Jewish bourgeoisie thought itself safe, definitely integrated. "We got caught up in the mirages of our class ," says Jacqueline Amar, " we were made Jews, slowly, from the outside, we who had forgotten her so much ..." She has every reason to hate those in the world. who broke their lives. Yet not an ounce of hatred in these admirable pages. "We are all responsible ..."

Paris is about to be released. On August 23, 1944, all the bells ring. "Why are the great joys so sad, why am I crying?" asks the young woman.

Two days later, he is called with great gestures: "Come quickly, André escaped." She stops, petrified. "Everything stops in me, I can not move , I am like a stone statue, I will never move again ..." But no, she moves, she runs, with her little girl in her arms. She runs towards the man of her life, in liberated Paris . She can finally shout out her name, take back her identity, find France , "kiss her cobblestones" ...

ISBN9782234062030
No.
Barcode
Branch
Location
Call No.
Status
Due Date
1
00005471
French
Library
940.43 MES
Available
--
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